Onési habitait une case à Ambodifotatra,
sur l’île Sainte Marie.
Sa silhouette sèche et allongée
parcourait les sentiers en terre battue qui menaient à son champ
qu’il continua à cultiver jusqu'à sa mort, pour son repas
quotidien - manioc, riz et jaques.
Il n’a plus de dents. Et chaussé de lunettes
inadaptées à sa très mauvaise vue, Onési parle,
parle, parle... De la vie sur l'île, des légendes, des colons
et enchaîne - sans que le sens de l’enchaînement apparaisse
clairement - sur le Béarn, « la patrie d’Henri IV ».
Il feuillette son cahier d’écolier, celui
où il a noté les légendes, mais avant ces récits,
il y a aussi les comptes de Joséphine (1 savon Nosy 1200, 1 pain
500, 1 mokary 500…) et l’hymne national malgache.
Son écriture élégante me
rappelle celle d'une grand-mère auvergnate - la même génération
en somme - à des milliers de kilomètres l’un de l’autre.
Il écrivait comme il parlait Onési : sans arrêt, prenant à peine le temps de souffler.
Le récit qui suit retranscrit très fidèlement (accentuation, ponctuation, style…) ce qui était écrit sur un des cahiers d'écolier d'Onési. Les commentaires du transcripteur apparaissent en petits caractères noirs et entre parenthèses.
Sur le cahier d’Onési : la légende
de la baleine.
« L’arrivée à Nosiboraha (Nosiboraha
: l’autre nom de l’île Sainte Marie) - 3e épisode
Suite de l’histoire de Bouraha.
D’après ce récit ; paraît-il que Boraha et le poisson
qui l’emportait s’étaient accostés au rivage du Nord Est
de l’île de Sainte Marie.
En ce temps-là (Ici, il
faut se figurer un e majuscule tout en rondeur.), quant les
habitants de Sainte-Marie voyaient Bouraha arrivaient. Ils ne croyaient
pas à leurs yeux, peut-être pensaient-ils que c’était
le fantôme de Boraha, qui se présentait devant eux, mais,
après de longues discussions. Alors, les habitants s’étaient
convincus, dont-ils accompagnaient Boraha d’aller au rivage pour voir le
poisson qui l’emportait. De là, ils étaient sûrs et
certains, que c’était bien Bouraha en corps et chair qui est devant
eux.
Et après, selon l’histoire (d’abord, pourquoi les habitants
ne croyaient-ils pas que s’était Bouraha qui est venu. Car il y
avait plus d’un an qu’il s’était échoué (Il
est mort en fait.) labàs à Nosimbavy, dont
tous ses compagnons sont péris dans cette expédition, de
la pêche de Baleine). Ce n’est qu’après ; les habitants de
l’île de Sainte-marie avaient le cœur nets que vraiment, Bouraha,
en chair, et en os, qui était sauvé par ce poisson.
Alors, tous les habitants : hommes et femmes, grands et petits, se
réunissaient au bord de rivage pour regarder le poisson et en lui
remerciant, qu’il a sauvé leur Grand’ Parent. Ils demandaient au
poisson-sauveur, ce qu’il veut comme récompense de sa bonne action,
d’avoir sauver Bouraha. Le poisson leur répondait de leur (de
lui
donner) donner à manger de la chair de Bénitier
(Le
bénitier est un coquillage dont les 2 coques ont effectivement une
forme de bénitier.).
Alors, tous les hommes du Pays allaient chercher à la mer cette
mollusque. Les femmes faisaient sortir la chair pour donner au poisson.
Une fois que le poisson s’était rassasié : il avait soif,
et demandait de l’eau pour boire. Comme, au bord de la mer, il n’y avait
pas d’eau douce.
Il paraît que, le poisson même qui creusait un trou sur
la falaise, et qui sortait de l’eau, et jusqu’à présent (à
nos jours) coule encore cette eau douce au bord de la mer au Nord-Est dans
notre Pays l’île Sainte-Marie (Onési
parle d’eau douce au Nord Est de l’île : ce sont des piscines d’eau
naturelles, lieu fady (tabou) pour les Malgaches.) ; on lui
donne son nom Ambohabohaka.
C’est une lieu sacré. Quant vous voulez le visiter c’est défendu
de porter des souliers et de porter un pantalon. Vous marchez pied-nu,
et vous vous enveloppez dans un pagne (lambahoany).
Et il ne faut pas trop bavard aussi. »